Prologue
L’affûtage des outils de coupe à main comme les ciseaux, les bédanes, et certains outils de tournage ou de sculpture pour le bois est généralement réalisé par le menuisier lui-même, étant donné le peu de matériel nécessaire à cette opération rapide.
Il s’agit là de retirer de la matière sur l’outil pour créer un seul biseau surmonté d’un tranchant dont l’angle varie selon l’utilisation finale.
Les gouges (des ciseaux dont le biseau est arrondis) ainsi que les lames et fraises aiguisables sont pour leurs part envoyées dans des entreprises d’affûtage.
Ciseau, bédane, gouge, fermoir ou burin ?
Il s’agit là de quatre outils à main destiné à la découpe du bois. Néanmoins, ils ont tous une utilité bien différentes.
Le ciseau à bois
Il s’agit de l’outil à main le plus répandu. C’est un fer usiné avec une planche plate et un biseau au bout. L’extrémité opposée quand à elle est sertie dans un manche, généralement du charme (une essence de bois proche du hêtre) ou en plastique.
Il est généralement utilisé pour ajuster des pièces, reprendre de la matière sur un tenon ou dans une mortaise,… Il s’agit d’un outil assez fragile.
Le bédane
C’est un outil presque aussi répandu que le ciseau à bois, qui possède la même anatomie, à la différence qu’il est plus épais que large, ce qui lui confère une grande solidité.
Il est utile dans la réalisation de mortaises.
La gouge à bois
La gouge à bois se décline en plusieurs modèles (plates, demi-plates, demi-rondes, demi-creuses,…) dont l’anatomie reste sensiblement la même qu’un ciseau à bois ordinaire, si ce n’est la forme plus effilée et surtout une planche ainsi qu’un biseau arrondis.
Elle est utile aux métiers d’arts comme la sculpture sur bois ou le tournage. C’est d’ailleurs l’outil dont je me suis servi lors de la réalisation du système de verrouillage de la barrière intérieure.
Le fermoir de sculpteur
Le fermoir quand à lui est une variante très proche du ciseau de menuiserie, à la différence que le fil du tranchant se situe au milieu et non au bord de la planche.
Il est utile aux sculpteurs pour frapper verticalement, un peu à l’image d’un ciseau de menuisier.
Le burin de sculpteur
Le burin quand à lui possède un fil en V, et est véritablement le crayon du sculpteur. Il sert à dessiner dans le bois et séparer les volumes.
Choisir son angle d’affûtage

L’angle selon lequel sera affûté le ciseau influencera directement l’aisance d’utilisation de celui-ci, ainsi que l’allure à laquelle le tranchant s’émoussera.
En effet, un ciseau avec un faible angle sera apprécié en atelier pour des travaux précis car il aura un très bon tranchant et ne nécessitera pas de grande force pour couper le bois. Par contre, son tranchant s’émoussera facilement.
À contrario, un ciseau avec un large angle d’affûtage sera apprécié sur chantier car sont tranchant sera plus durable. Cependant, il nécessitera une plus grande force lorsqu’on s’en servira.
Pour ma part, l’angle d’affûtage de mes ciseaux dépend de la largeur de ceux-ci : Plus le ciseau sera étroit et plus l’angle d’affûtage que je lui appliquerais sera large, et inversement, plus le ciseau sera large et plus l’angle d’affûtage sera faible. Cette technique permet d’avoir un bon rapport tranchant-durabilité, et d’éviter de se blesser quand on utilise des ciseaux étroits qui, généralement, coupent extrêmement bien.
Affûtage grossier à la meule
Suivant l’état de l’outil, cette étape peut être éludée si le tranchant n’est que légèrement émoussé.
Le cas contraire, il est nécessaire tout d’abord de régler le support de la meule pour que, lorsque le corps de l’outil est posé à plat dessus, le biseau doit être ajusté au mieux sur le chant de la pierre. Cela évite de devoir prendre trop de matière pour un affûtage parfait.
Ensuite, il s’agit de faire glisser le corps de l’outil sur le support, de gauche à droite, toujours à la même hauteur pour obtenir un biseau perpendiculaire.
Attention à bien refroidir le corps de l’outil. En effet, si le métal chauffe et rougi, sa structure moléculaire se modifie et rends l’alliage de l’outil plus cassant.
Pour ma part, je refroidi le ciseau ou le bédane toutes les 5 à 6 passes quand je reprends sur le biseau uniquement, puis toutes les passes en arrivant à l’affûtage du fil. En effet, plus l’épaisseur de métal sera fine, plus vite elle sera portée à incadescence.
Affûtage fin à la pierre
Cette étape se fait à l’aide d’une pierre diamantée préalablement plongée dans l’eau. Personnellement, je plonge la pierre avant de commencer à aiguiser mes ciseaux, et celle-ci trempe et s’imbibe jusqu’au moment ou tout mes ciseaux et bédanes ont été affûtés à la meule.
La pierre sert à couper le mord-fil restant sur le fil du ciseau. Il s’agit en fait des bavures laissées par la meuleuse.
Sur la pierre mouillée, on va réaliser quelques mouvements elliptiques sur la planche du ciseau, puis sur le biseau. Attention, à la fois le fil du tranchant et l’arrête joignant le biseau et la planche doivent glisser sur la pierre !
On répète cette opération jusqu’à ce que le ciseau ne comporte plus aucun mord-fil.
Test du tranchant
N’importe quel type d’outil à main correctement aiguisé produit ce type de copeau, enroulé sur lui-même. Il faut néanmoins quelques peu d’habitude dans la manipulation de ces outils pour y arriver…
On peut également tester le tranchant sur un morceau de tissu, voir sur une tomate. Si ça coupe, le tranchant est bon, sinon… Au boulot !
très intéressant et instructif, mais ça reste un métier.
J’aimeJ’aime